Lorsque j’ai acheté ma première résidence principale, j’ai absolument voulu acheter un bien à rénover. Je travaillais à l’époque chez Leroy Merlin depuis 4 ans, je vendais des salles de bains et cuisines de rêve à mes clients et je voulais que ce soit mon tour de rêver. En prime, je voulais obtenir une plus-value lors de la vente pour pouvoir réinvestir dans plus grand par la suite. Les travaux s’imposaient donc. Comme je travaillais régulièrement avec des artisans dans le cadre de mon travail, j’abordais la rénovation avec confiance, en me disant que les problèmes d’artisans véreux, c’était pour les autres. Et bien, je peux te dire que j’avais vraiment tout faux !

J’achète cet appartement défraîchi avec beaucoup de potentiel

En 2011, après 4 ans de management chez Leroy Merlin en banlieue lyonnaise, on me propose un poste très intéressant au siège social à Lille. Comme le rapport qualité – prix des logements était bien plus intéressant à Lille, j’en profite pour acheter cet appartement génial, un T2 de 45 m² vendu avec les combles de l’immeuble et une terrasse immense sans vis-à-vis. Le potentiel est énorme. Je t’en parle dans cet article.

L’appartement est vendu loué avec un bail qui se termine un an plus tard. Ça m’embête mais l’affaire est trop belle, je décide de m’accommoder de la situation. Après tout, si j’en crois l’agent immobilier qui me fait visiter, un appartement rénové en duplex de cette taille peut se revendre deux fois le prix d’achat. Ça vaut bien un petit sacrifice ! Et les étoiles s’alignent pour moi sur ce projet car la locataire m’annonce son départ dans les trois mois avant même la signature de l’acte de vente chez le notaire. Je m’installe donc dans l’appartement 10 mois plus tôt que prévu, bien décidée à transformer ce bouge en pépite.

Je rencontre Daniel, un artisan de très bon conseil

Je prends le temps de réaliser les plans les plus précis possible avec modélisation en 3D pour être sûre du rendu final et faciliter mes échanges avec les artisans. En parallèle, j’aide sur son chantier un ami qui rénove lui-même sa maison. Il me parle de Daniel, un artisan qui l’aide régulièrement sur le chantier et a également donné des coups de main dans la maison d’une collègue. Je le rencontre. Il m’apprend qu’il vient de s’associer à un artisan qu’il connaît, ce qui lui permettrait de gérer la totalité de mon chantier et non plus se contenter d’intervenir ponctuellement comme il l’a fait pour mon ami et ma collègue. Sur les conseils de mon ami, je décide de l’embaucher pour le second-oeuvre.

Pour le gros oeuvre, à savoir la transformation de la charpente, la démolition des cheminées et la pose de velux (lis l’article « plus-value immobilière : mes meilleures astuces pour gagner plus » si tu veux plus de détails sur ce projet), je décide d’embaucher une entreprise qui a pignon sur rue. À ce moment-là, je suis déjà en contact régulier avec Daniel. Ses suggestions me sont précieuses et il m’apprend à lire les devis en détail et à y repérer les failles potentielles. Sur ses conseils, je fais rajouter de nombreuses précisions sur le devis final afin d’éviter toutes entourloupes pendant le chantier. Je me dis donc que j’ai vraiment bien fait de l’embaucher.

Les travaux démarrent sur les chapeaux de roue. Tout va bien !

Les travaux démarrent à la date convenue et la société qui gère le gros oeuvre fait vraiment du très bon travail. Certes, les travaux ayant lieu en août, je dois parfois jouer les chefs de chantier car les équipes d’artisans changent en permanence pour pallier les absences liées aux congés payés. Mais j’apprends énormément au contact des artisans donc ça ne me dérange pas vraiment. La partie gros oeuvre se termine avec une petite semaine de retard, rien de grave. Pour l’instant, tout roule. La société de gros oeuvre libère le chantier. Je commence déjà à voir mon futur duplex, même s’il n’y a encore aucune cloison.

L'ouverture du toit permet de faire passer les poutres du futur plancher. Impressionnant !
Le jour où tu découvres l’ouverture dans le toit, seul moyen pour faire entrer les poutres du futur plancher dans les combles. Impressionnant mais refermé le soir même !

Daniel et les employés de son associé s’installent sur le chantier et entament la démolition du rez-de-chaussée, alors encore épargné par les travaux. Comme l’étage n’est pas encore habitable, il est convenu d’attendre qu’il soit terminé pour abattre la cloison de la chambre du rez-de-chaussée. Je vis donc calfeutrée dans cette chambre. La micro salle d’eau et les WC sont également utilisables mais les murs de la cuisine ont quant à eux été démolis. Il ne reste qu’un four à micro-ondes pour me préparer à manger. Vive les plats cuisinés !

Il y a de l’eau dans le gaz… Mais ça va

Daniel commence à venir sur le chantier au compte-gouttes, laissant l’équipe travailler seule. Les artisans sont un peu désorganisés : l’isolation des combles démarre alors que les gravats de la démolition n’ont pas encore été évacués. Je demande régulièrement à ce que ce soit fait mais visiblement, je suis trop gentille, rien n’y fait. Mais comme par ailleurs, ça bosse, j’en prends mon parti. Un soir, je m’aperçois que rien n’a bougé sur le chantier depuis la veille. J’appelle Daniel qui me rassure. Il y a eu un imprévu sur un autre chantier, les artisans reprennent le boulot lundi. On est jeudi, ça me va.

Lundi soir, toujours pas de changement. Je rappelle, l’équipe viendra finalement le lendemain. La même rengaine se répète toute la semaine, jusqu’à ce que Daniel finisse par ne plus répondre du tout à mes appels. Pendant toute la semaine suivante, je le relance régulièrement, lui demandant de me recontacter. Toujours aucune réponse. Je m’adresse alors à son associé, qui m’assure à son tour que les artisans seront présents le lendemain. Bien sûr, c’est du flan ! Je commence sérieusement à m’inquiéter. Mes artisans seraient-ils sur le point d’abandonner mon chantier ?

La situation devient critique

Ça fait 3 semaines que je suis sans nouvelles de mes artisans, j’ai un tas de gravats immense au milieu de feu mon salon, les murs de la cuisine sont éventrés et le placo n’est même pas posé dans les combles. Mon rêve de duplex s’effondre. Par excès de confiance, j’ai payé non seulement l’acompte prévu mais aussi le second paiement pour soi-disant aider l’artisan à acheter les matériaux nécessaires au chantier. Si mes artisans abandonnent le chantier, je suis ruinée ! Jamais je n’aurai les moyens d’embaucher une autre société pour finir les travaux.

Le tas de gravats qui m'a tenu compagnie pendant ces longues semaines d'interruption de chantier.
Le tas de gravats qui m’a tenu compagnie pendant ces longues semaines d’interruption de chantier.

Un week-end, les employés de la société débarquent à l’improviste. Ils m’expliquent qu’ils ne sont plus payés et me demandent de leur payer ce que je leur dois. Sauf que techniquement, je ne leur dois rien. J’ai payé plus que je n’aurais dû à leur patron. Je leur explique la situation et ils repartent bredouilles. Je suis déprimée, au fond du trou. Mes paiements n’ont clairement pas servi à mon chantier puisque même les employés ne sont plus payés.

Je dois sortir de ma zone de confort, sinon je suis ruinée

Gueuler n’est clairement pas mon fort. J’ai grandi dans un environnement où élever la voix était une rareté. Au bout d’un mois d’interruption de chantier, je dois cependant me décider à sortir de ma zone de confort. Fini le « trop bonne, trop conne ». J’envoie un message incendiaire à l’associé (à défaut de me sentir prête à le faire à l’oral) en le menaçant de tout ce qui me passe par la tête et j’obtiens enfin une réaction.

Visiblement, face à un mauvais artisan, c’est celui qui gueule le plus fort qui obtient sa présence sur le chantier. Le lendemain, Je vois débarquer l’équipe habituelle et Daniel ! Il me dit qu’il a dû changer de numéro de portable et qu’il n’était pas au courant de la situation. Il pensait que son associé gérait le chantier. Mouais, admettons… Il m’explique que son associé gère un restaurant en complément de la société de rénovation, et que la trésorerie de l’un sert à renflouer l’autre et vice-versa. Je comprends mieux où est passé mon argent.

Ça paye, les travaux redémarrent… pour le moment

Les travaux reprennent et avancent très vite. En un mois, tout ce pour quoi j’avais déjà payé est terminé. À partir de maintenant, je ne paie que par petites échéances, pour m’assurer de pouvoir terminer le chantier au cas où ils me referaient le coup. Le travail réalisé est de très bonne qualité donc je me détends. Deux mois plus tard, l’appartement est presque terminé, mon duplex est totalement habitable et magnifique. Il ne reste qu’un volet roulant à poser et quelques finitions à réaliser.

De nouveau, les artisans disparaissent. Daniel ne donne de nouveau plus de nouvelles, son associé encore moins. Je tente de joindre nos connaissances communes pour avoir des nouvelles. Au bout d’un mois, j’apprends que Daniel a quitté la France pour gérer le chantier d’un client à l’étranger. Ça, c’est la meilleure. Il ne manquait plus que ça !

Trop, c’est trop !

J’en ai assez de cette société qui me mène en bateau et me prend pour une idiote depuis le début. Les artisans ont laissé sur place tous leurs outils. Tous sont de marque connue. Renseignements pris, il y en a pour 800 euros. Le chantier est globalement terminé, mon colocataire, qui a besoin du volet roulant restant dans sa chambre, propose de l’installer gratuitement. Le reste des finitions me coûtera clairement moins cher que la valeur des outils, même si je fais appel à un autre artisan. Après plusieurs appels à l’associé, je finis par obtenir la facture. « J’oublie » de mentionner les outils. Je considère qu’on est quittes.

Enfin, je peux profiter sereinement de mon appartement de rêve

3 ans passent. Mon colocataire est parti, mon futur mari vit maintenant avec moi dans ce duplex depuis un an. On adore cet appartement convivial qui ressemble à une maison avec sa grande pièce à vivre lumineuse donnant sur la terrasse, sa mezzanine ouverte sur le séjour et les deux chambres qui nous permettent de recevoir la famille à la maison sans se marcher les uns sur les autres. La décoration lui donne un côté loft qui fait son petit effet à chaque fois qu’on invite les copains à la maison. Bref, on y est très heureux.

Un changement professionnel nous pousse à le mettre en vente, 4 ans après l’avoir acheté. Je fais intervenir un artisan pour les fameuses finitions que j’avais laissées traîner jusque-là. L’auto-entrepreneur que j’embauche s’occupe de tout dans la journée, fait du très bon travail et me demande seulement… 120 euros.

L’agent immobilier auquel j’ai donné mandat vend l’appartement en 15 jours, au prix exact annoncé par l’agent qui me l’avait vendu ! Soit pour moi une plus-value nette d’un peu plus de 50.000 euros. Clairement, je n’aurais jamais eu le budget pour acheter cet appartement déjà rénové. En faisant des travaux, j’ai atteint mes deux objectifs : vivre dans mon appartement de rêve et réaliser une plus-value. C’est d’ailleurs en partie grâce à ça que nous avons pu partir en tour du monde d’un an sans devoir économiser pendant des années.

L’abandon de chantier n’arrive pas au hasard et est évitable

Pendant les 6 ans qui ont suivi la fin des travaux, j’ai été amenée à travailler avec de nombreux artisans dans le cadre de mon travail. J’ai ainsi pu apprendre à travailler avec eux, j’ai gagné en fermeté et en exigence, et j’ai surtout appris à me faire respecter sur un chantier. Cette expérience a au moins eu l’avantage de m’apprendre à m’affirmer. Je peux t’assurer que je n’ai plus aujourd’hui aucun mal à hausser le ton si les circonstances l’imposent.

J’ai choisi de te raconter cette histoire pour à la fois t’alerter et te rassurer. Chaque rénovation amène des imprévus et des difficultés mais il est tout à fait possible de se prémunir d’un abandon de chantier en prenant les précautions que je n’ai pas prises lors de ce premier chantier. J’ai embauché un artisan sur seules recommandations, je n’ai pas vérifié la santé financière de son entreprise (j’aurais pu voir que le capital social de sa société était très insuffisant), je n’ai pas demandé à visiter d’autres chantiers. Bref, j’ai été naïve et j’ai fait beaucoup d’erreurs grossières de débutants en rénovation. Pour les éviter, je te conseille de lire sans attendre cet article sur les 9 erreurs des rénovateurs débutants et cet article sur la méthode à suivre pour recruter le bon artisan et éviter les arnaques.

Les opportunités valent largement le risque pris

En appliquant ces conseils, tu limites fortement le risque de vivre la même mésaventure. J’espère que ça ne t’empêchera pas de te lancer à ton tour. Acheter un bien à rénover t’offre tout de même de superbes opportunités qu’il serait dommage de bouder par peur du risque. Tout ce qui est rentable est risqué ! D’ailleurs, je suis bien décidée à recommencer l’expérience. D’ici janvier, j’achèterai mon prochain appartement à mettre en location. Pour maximiser la rentabilité, j’ai l’intention de mettre en oeuvre le même niveau de finition que ce que j’ai obtenu dans le duplex.

Pour connaître tous les avantages d’acheter un bien avec travaux, je t’invite à lire l’article « pourquoi tu devrais acheter un bien à rénover ».

Cet article est le premier épisode de la série « mes artisans ont failli abandonner le chantier avant la fin ». Dans le deuxième épisode, je te ferai découvrir les conseils de Claire, ancienne clerc d’huissier et auteure du blog Recouvrement Facile. Elle t’apprendra quelle réaction avoir et quelle procédure suivre en cas d’abandon de chantier par tes artisans. Pour employer les grands moyens, autant s’adresser directement à une experte ! Pour être informé de la publication de ses conseils, inscris-toi à la newsletter en renseignant ton prénom et ton adresse e-mail ci-dessous.

J’espère que cet article t’aura à la fois alerté et inspiré. Il m’a demandé plusieurs heures de travail et de nombreux thés ;). Je te propose ce contenu de façon totalement gratuite. Pour m’encourager à continuer, je ne te demande qu’une chose : partage cet article à tes amis stp. Tu m’aideras à me faire connaître de nouveaux lecteurs.

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